La Rubrique Décalée

• Mardi, BFM TV nous a gratifé d'une interview assez alarmante de Marine Le Pen.

La Présidente du FN a en effet demandé la dissolution immédiate de l'Assemblée Nationale ainsi que la démission du gouvernement, rien que ça, suite aux aveux de l'ex-Ministre du Budget quand à l'existence de comptes en banque bien placés. Et l'annexion du couloir de Dantzig, aussi ? Merci Marine.

Elle prétend donc, que cette demande n'est pas seulement fondée sur les méfaits du vilan Jérôme, mais que cet imposteur est tout simplement un "maillon d'une très, très grande lignée de personnes", qui accumulent les mises en examen et les condamnations dans des "affaires de plus en plus graves."

Bon, sur ce constat, Le Pen n'a pas tout à fait tort. Mais c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité. Le FN qui dénonce des politiciens qui font trop parler d'eux en mal ?

Mme Le Pen, vous oubliez assez vite que l'homme grâce à qui vous occupez le poste de Présidente du FN, à savoir votre père, Mr. Jean-Marie Le Pen, a été condamné à 18 reprises :

- 14/01/71 : rejet par la Cour de Cassation  de son pourvoi contre l'arrêt le condamnant, pour apologie de crime de guerre, à deux mois de prison avec sursis et 10 000 francs d'amende.

-16/11/87 : condamné à 3 000 F d'amende et 8 000 F de dommages et interêts à verser au Mrap pour « provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale » par le tribunal de Paris à la suite de la distribution d'un tract lors des élections municipales de 83.

-8/02/08 : condamné à 10 000 € d'amende et à trois mois de prison avec sursis pour complicité d'apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l'humanité, en raison de propos publiés en 2005 dans l'hebdomadaire Rivarol, qualifiant l'occupation allemande de « pas particulièrement inhumaine ».

Et ce ne sont que des exemples. 

Les mots ici prononcés par J-M Le Pen, sont bien plus grave qu'un exil fiscal d'un Ministre du Budget. Il est évident que ledit exil n'est en aucun cas excusable et largement condamnable. Que ce fait relève de la pure inconscience et de la bêtise.

Mais, Mme Le Pen, vous vous demandez "comment gagner la confiance des Français"  après les actes, qui sont je vous l'accorde, plus que méprisables d'un membre du gouvernement.

Il faut déjà commencer par arrêter de parler de la gravité des condamnations et mises en examen des membres du gouvernement, car le FN reste le maitre en la matière de condamnations et faits plus que reprochables (par exemple, les poses de Marion Maréchal-Le Pen avec un groupe néo-nazi. Ce qui est pourtant compréhensible : on ne prend pas le risque de perdre son électorat) Au détail près que nous parlons ici de "membre du gouvernement". Ce terme n'est en rien familier aux membres du FN, c'est vrai.

Aussi et surtout, Marine le Pen essaye d'éteindre un feu de barbecue avec le Pacifique. Demander la dissolution express de l'Assemblée et la démission du gouvernement, cela ressemble à ce qui pourrait être une tentative d'en rajouter un tonne sur cette affaire qui n'a pas fini de faire couler de l'encre, et de sauter sur l'occasion de pointer du doigt de mauvais agissements  pour continuer dans la lancée du processus de dédiabolisation du Front National. 

Malgré tout, ce type d'affaires aura toujours vocation à fragiliser les proches du coupable et renforcer les ennemis. Mais à qui pourra-t-on se plaindre lorsque le FN aura raflé cinq grandes villes et dix régions ? Les Frontistes savent taper, mais devant les erreurs commises par le gouvernement, ils savent aussi rester en retrait les bras croisés, à attendre l'implosion d'une unité de bureaucrates décisionnaires pourris jusqu'à la moelle qui font de notre pays l'attraction humoristique mondiale. Ces âneries sont poilantes pour tout le monde, sauf nous, qui sommes directement concernés par les agissements de ces abrutis.

A qui s'en remettre lorsque les principales forces politiques du pays s'entredéchirent en faisant mine, de temps en temps, de s'intéresser à nous ? A nous-mêmes.

T.